Après m'être entraîné en semant le souk dans une pauvre maison innocente (et surtout vide de ses propriétaires, niark niark), je me promenais gentiment dans les rues du quartier Borsalino. Les gens ne me remarquaient pas, mais moi je les remarquait. Untel mangeait son journal en cherchant quelque chose dans sa poche, un autre cherchait des bigorneaux au fin fond de ses naseaux... Hmm ! Quelle joie. Je me cherchais une victime, encore et encore. Je me stoppais devant une maison où l'on entendait des craquements de lits... Peut-être pourrais-je leur faire une bonne grosse frayeur, apparaissant de nul part... Quoique. Je n'avais pas vraiment envie d'aller regarder.
Il me fallait chercher encore... Toujours... Sans relâche... Les gens étaient de moins en moins nombreux. Les rues de plus en plus sombres. En même temps, la nuit tombait. Les gens rentraient chez eux, il n'y aurait bientôt plus... Oh, un rat d'égouts. Il venait de sortir de sous une plaque -les dieux savent pourquoi- entrouverte. C'est bête de laisser une plaque entrouverte ! Quelqu'un pourrait trébucher et se faire mal ! ...Revenons à nos moutons, enfin, ici, à notre rat. Il se faufilait rapidement sur les pavés, ses petites griffes cliquetant à chaque pas. Il passa devant... Un individu couché sur le palier d'une maison !
Diantre, il serait la proie parfaite ! (L'individu, j'entends, pas le rat, hein). Individu de sexe masculin, cheveux noirs en batailles, cernes sexy sous les yeux, et joli uniforme de majordome. Il n'avait pas l'air d'un va-nu-pieds, pourtant il dormait comme tel à même les escaliers. Intriguant... Je m'approchai tout doucement de lui, même si en flottant je ne risquais pas de le réveiller, et je me penchai pour lui susurrer à l'oreille un petit... "Bouh !"
Avant de m'enfoncer illico dans le mur de la maison, de manière n'être vu d'aucun des deux côtés.
- Tu as compris? Tu distribues tous ces tracts dans les boîtes aux lettres du Quartier Borsalino, s'il te plaît.
- Tu peux répéter.. une dernière fois?
Le dictateur soupira d'un air gêné, face à l'indifférence totale et le regard blasé/fatigué de son majordome. Majordome qui ne se gênait pas pour le tutoyer, qui certes était normal pour deux personnes se connaissant depuis longtemps, mais marquait bien le manque de respect que valaient ses serviteurs pour Renchi. Mais ce n'est pas lui qui ira se plaindre, son manque d'autorité déjà trop présent au sein de la Dictature.
Mais bon, après maintes et maintes répétions, et même si Teobaldo avait encore insisté sur le fait qu'il était trèèès fatigué, il fut soudain remit en forme par une jolie bourse de Saphirs qui serait sa récompense à la clé. A croire qu'il n'était pas déjà assez bien payé.
Teobaldo se retrouva donc à distribuer des tracts de propagande de la Dictature sans les avoir lues, Shaft resté au palais. Et c'était bien dommage que celui-ci n'était qu'un bunbun parce que Teo aurait vachement apprécié qu'il fasse le boulot à sa place. Mais malheureusement, Renchi est contre l'esclavage.
Après avoir tout distribué, Teobaldo se tourna vers la direction du palais, ses yeux se fermant petit à petit. A cause de tout ça, il n'aura pas ses 20 heures de sommeil quotidiennes. Merci Renchi. Au fur et à mesures, ses jambes lui semblaient de plus en plus faibles, trop pour pouvoir porter le poids de son corps. Voler? Il aurait pu. Mais sortir ses ailes, les déployer puis les battre régulièrement.. trop de travail ! Trop de fatigue ! Rien que d'y penser, Teobaldo lâchait un looong bâillement.. avant de s'étaler sur le palier d'une maison. Evidemment, c'était l'endroit le plus judicieux pour faire une sieste : si jamais quelqu'un sortait de la maison, il pourrait servir d'honorable paillasson, et ça ferait plaisir à tout le monde. Et puis pourquoi pas lui piquer son portefeuille aussi? Il est à portée de main. Enfin, Teobaldo a le sommeil léger.
- Bouh !
- WAAAAH.
Teobaldo se réveilla en sursaut d'un seul coup, les écarquillés. Il avait beau regarder à droite, puis à gauche, rien ne semblait montrer le signe d'une vie.. ... Les yeux plissés, Teobaldo épousseta sa chemise et sa veste, puis continua d'observer les alentours, le regard suspicieux. - ...Il y a quelqu'un?
